28 février 2014

Allez chercher des idées et des opportunités au-delà des frontières: Barrez-vous !

La France vous semble paralysée? La France vous semble apeurée et tétanisée par la vision de son propre déclin? Alors barrez-vous !
Allez chercher des idées et des opportunités au-delà des frontières. Allez réaliser vos rêves là où l'on ne vous en empêche pas!

Une tribune parue dans Libération le 3 septembre 2012 enjoignait les jeunes à quitter la France pour vivre de nouvelles aventures, pour vivre mieux, pour s'enrichir et pour partir et puis revenir peut-être et puis repartir.
Les auteurs de cette tribune (un rappeur, un journaliste et un entrepreneur), qui ont également créé un site ouèbe éponyme, ont raison: être français n'oblige pas à rester sur le territoire français toute sa vie (sinon à quoi servent les députés des français de l'étranger?). Être patriote n'oblige pas à rester en France, au contraire! La France a besoin de forces vives (entrepreneurs, professeurs, membres d'ONG, fonctionnaires internationaux, chercheurs, ingénieurs...) à l'extérieur de ses frontières. On parle systématiquement de l'universalité des valeurs de la France: allons donc les porter au-delà des frontières! Si ces valeurs restent en France, elles ne seront jamais universelles, elles ne rayonneront pas.

La contre-tribune du 14 septembre 2012 dans le Monde avait pour mot d'ordre: "Battez-vous". Cette contre-tribune n'en est pas vraiment une: pour les uns il faut changer la France de l'extérieur, de l'autre il faut la changer de l'intérieur.

Que vous restiez ou que vous vous barriez, le constat est le même: la France est bloquée, paralysée. Ce sentiment de blocage vient de réapparaître dans les résultats d'une grande enquête lancée par France Télévisions: "Génération Quoi?"

Cécile Van de Velde et Camille Peugny, maîtres de conférences respectivement à l'EHESS et à l'université Paris-VIII, qui ont contribué à concevoir le questionnaire, ont analysé les résultats de l'enquête pour le Monde dans un article du 25 février:
« C'est une génération qui veut entrer de plain-pied dans une société vieillissante. Elle enrage de piétiner à son seuil. Elle ne veut rien renverser, elle n'est pas en conflit de valeurs, mais elle trouve toutes les portes fermées, et elle envoie un avertissement. »
Quelles sont ces portes fermées? La réponse suivante vient de Matthias Leridon, dans un article du Figaro paru le 27 février 2014 et faisant écho à l'enquête de France Télévisions:
Clairement, pour les Français, et pour les moins de trente ans encore plus, l'inégalité est au rendez-vous autour de deux sujets clé: respectivement 75% et 74% des sondés estiment que les jeunes ne sont pas égaux face à l'accès à l'emploi et au logement. «Ces deux difficultés sont précisément les deux aspirations principales de la jeunesse, synonyme d'indépendance et de passage à l'âge adulte», observe Matthias Leridon, président de Tilder.
En protégeant les locataires à l'extrême, on rend l'investissement immobilier risqué et on renchérit fortement les loyers. En ne protégeant pas les propriétaires contre les impayés, ceux-ci décident de prendre en main leur protection en demandant un nombre incroyable de pièces justificatives et de garanties (bulletin de salaire des parents, garanties d'une personne vivant en France....) excluant de fait même les jeunes gagnant bien leur vie mais n'ayant pas de parents aisés, ainsi que les étrangers n'ayant pas de garants résidant en France. En fléchant massivement l'épargne des propriétaires vers l'investissement locatif, on créé des bulles immobilières qui ne se dégonflent (du fait de la rigidité du marché immobilier?) pas en cas de crise comme dans les autres pays d'Europe.
Sans parler de la discrimination raciale (certains immeubles parisiens appartenant à des particuliers frappent par l'absence de diversité de couleur de peau chez les locataires) ou celle liée à l'emploi (certaines agences immobilières ne prennent que ceux ayant un emploi dans le service public). Les jeunes voient des barrières (financières, raciales, administratives) s'élever devant eux lorsqu'ils souhaitent trouver un logement.

Des barrières similaires existent lorsqu'un jeune cherche à accéder à un emploi. La sur-protection du CDI fait que ce contrat est de moins intéressant pour les entreprises et que celles-ci multiplient donc les contrats plus précaires. Dans le domaine de l'emploi la discrimination raciale, sexuelle ou géographique (quel est ton code postal?) est aussi à l'oeuvre. Dans l'article du Monde du 25 février 2014:
Les jeunes valorisent d'autant plus le travail qu'il leur échappe, un quart d'entre eux connaissant le chômage. Seule une toute petite frange le rejette, envisageant de vivoter en marge du système. 81 % des répondants disent que le travail est important dans leur vie. Et pas seulement pour gagner de l'argent. La moitié déclare que travailler sert avant tout à s'épanouir.
Dans l'article Figaro du 27 février "Jeunesse révoltée : les raisons de la colère", le le philosophe de l'éducation Eric Deschavanne affirme:
Le facteur le plus évident est bien entendu la situation économique - pas seulement la conjoncture, mais aussi les traits les plus caractéristiques de notre modèle, avec notamment cette rigidité du marché du travail préjudiciable aux outsiders, dont les jeunes font par définition partie. Indépendamment du niveau de vie, l'absence de perspective de progrès et de marge de manœuvre personnelle minent le moral.
En sur-protégeant ceux qui sont déjà locataires ou déjà propriétaires, en sur-protégeant ceux qui ont déjà un emploi, un CDI, on hérisse des barrières à l'entrée autour de ces deux éléments qui sont le saint Graal de tout français: avoir un CDI et être propriétaire. Cette sur-protection des "générations établies" exclut de fait les jeunes et les enfants d'immigrés.


Ce phénomène de sur-protection se retrouve aussi au niveau des retraites. On protège un système qui ne peut plus tenir d'un point de vue démographique et qui creuse notre dette. L'état tient à bout de bras un système de plus en plus déséquilibré et qui va coûter de plus en plus cher. Mais la réforme de ce système n'est pas acceptée par les "générations établies" (ceux qui seront bientôt à la retraite ou qui y sont déjà), alors qu'elle profiterait aux générations futures. D'ailleurs certains jeunes ont manifesté en 2012 contre la réforme des retraites. Alors que c'est pour eux que ce système à bout de souffle doit être réformé.

Lorsque les portes d'entrée dans la vie adulte sont fermées en France, il est normal que les jeunes aient la tentation d'aller voir ailleurs! Dans l'article du Monde du 25 février 2014:
« T'installer à l'étranger, ça te tente ? » Evidemment oui, cela tente les trois quarts des participants à l'enquête. Inhérente à la jeunesse, cette envie d'aller voir ailleurs est plus que jamais valorisée dans la société. Mais 24 % des jeunes se sont reconnus dans une expression volontairement rageuse, hargneuse, qui leur était suggérée : « Dès que je peux, je me barre. » « Une réponse aux portes fermées pour tous les jeunes dans l'impasse, chômeurs, petits contrats, stagiaires… », à en croire les sociologues.
Idées pour la France:
  • inciter les jeunes à partir à l'étranger et créer leur réseau à l'étranger et leur permettre de revenir dans de bonnes conditions lorsqu'ils le souhaitent
  • abaisser les barrières d'entrée au CDI et au logement afin que les jeunes et les étrangers aient un avenir en France
  • cela suppose de rogner sur les privilèges des générations établies


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