30 avril 2014

S'intéresser à l'éléction du président de la commission européene

Le lundi 28 avril 2014 a eu lieu à Maastricht le premier débat entre candidats à la présidence de la commission européenne. Le déficit de démocratie qui a souvent été reproché à l'Union Européenne et le manque de représentativité de la Commission Européenne semblent de plus en plus appartenir au passé. C'est une très bonne nouvelle. Et pourtant ce débat n'a pas eu beaucoup de retentissement médiatique en France.

Utilisation du mot-dièse #EUDebate2014
Source: Euractiv

La couverture médiatique de ce premier débat des candidats à la présidence de la Commission a été faible en France. Le débat a été retransmis sur Euronews (chaîne française basée à Lyon), mais sur aucune chaîne généraliste en France. Le prochain débat aura lieu avec la totalité des cinq candidats le 15 mai:

  • Martin Schulz, PSE (Parti Socialiste Européen)
  • Jean-Claude Juncker, PPE (Parti Populaire Européen - droite)
  • Guy Verhofstadt, ALDE (Libéraux-Démocrates)
  • Alexis Tsipras, (gauche anticapitaliste) => absent lors du premier débat le 28 avril
  • José Bové ou Ska Keller (Verts Européens)

Et il n'est pas non plus prévu de diffuser ce second grand débat sur une chaîne du groupe France Télévisions. Le déficit démocratique n'est pas ici du côté des institutions européennes, mais du côté des médias qui ne retransmettent pas un débat fondateur de la construction démocratique de l'Europe. Une tribune signée par de nombreuses personnalités politiques françaises appelle d'ailleurs à diffuser ce débat en direct.

Le futur président de la commission européenne sera élu par le Parlement au sein du parti arrivé en tête aux élections européennes de mai 2014. Les citoyens français ne doivent pas passer à côté d'un débat extrêmement important pour la construction européenne. Et surtout ils ne doivent pas en vouloir à l'Europe s'ils ne sont pas assez informés à son sujet, ils doivent en vouloir à leurs médias.

Idées pour la France:

  • s'éveiller à la vie démocratique européenne (élections, débats, institutions, directives, groupes de pression...)
  • suivre (sur internet ou à la télévision) le débat des candidats à la présidence de la Commission Européenne le 15 mai

24 avril 2014

Rejet par le Canada de l'extension du plateau continental à St-Pierre-et-Miquelon

Suite à l'article de blog du 10/04/2014 "Étendre le plateau continental de la France", une mise à jour s'impose: en effet, le Canada a fait savoir à l'AFP : 
"le Canada estime que la France n'a droit à aucune zone maritime, ni même à un plateau continental étendu, allant au-delà de ce qui lui a été accordé par arbitrage en 1992 à l'égard de Saint-Pierre-et-Miquelon"
Cette réaction d'Ian Trites, porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères canadien, vient après le dépôt, le mercredi 16 avril 2014, du dossier définitif de demande d’extension de son plateau continental au large de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Tant que la France et le Canada ne se mettront pas d'accord sur ces extensions de plateau continental, aucun des deux pays ne sera en mesure de faire valoir ces droits souverains sur ces zones sous-marines. Il ne reste donc plus qu'à négocier avec le Canada pour faire valoir nos droits. Cela risque d'être long...


Réaction au dépôt du dossier de demande d’extension de la députée de Saint-Pierre-et-Miquelon Annick Girardin sur son blog et en vidéo:




Voir également l'article des Echos à ce sujet.

Idées pour la France:
  • négocier avec le Canada pour faire valoir nos droits maritimes autour de Saint-Pierre-et-Miquelon

23 avril 2014

Développer fortement l'économie polynésienne

Les 50 mesures du plan de relance présenté le 16 avril 2014 par le vice-président de la Polynésie Française Nuihau Laurey :

  • http://www.tahiti-infos.com/Les-50-mesures-du-plan-de-relance-dans-le-detail_a99171.html


Les plus intéressantes idées pour la Polynésie Française:

  • Tourisme et transport aérien:
    • Mesure 11: Sites touristiques : Mise en œuvre d’un programme d’aménagement de nos principaux sites touristiques (trois cascades, Pointe Vénus, trou du souffleur) et réhabilitation ou création de sites culturels, de loisirs et d’écotourisme (écomusée Arahurahu (culture), domaine d’Opunohu (écotourisme et tourisme culturel), mémorial américain à Bora Bora, Musée Gauguin, Jardin Botanique, centre culturel de Vaiami). 
    • Mesure 14: Création d’un aérodrome de dégagement permettant de sécuriser les lignes existantes et de réduire le coût d’accès à la Polynésie française, et susceptible de devenir un nouveau point d’entrée. 
    • Mesure 17: Plaisance de luxe : Mesures incitatives en faveur du tourisme nautique avec l’augmentation de la durée du régime des admissions temporaires (passage de 18 à 36 mois), la suppression du délai de carence, une fiscalité allégée lors de la mise à la consommation des navires et l’aménagement des escales dans les îles principales de la Polynésie française (quais de Paopao, Papetoai, Bora, Fakarava). 
    • Mesure 18: Instauration de mesures fiscales incitatives visant à créer une zone franche dans l’archipel des Tuamotu Gambier pour le développement de grands projets aquacoles. 
    • Mesure 19  Valorisation de l’ensemble des filières aquacoles prenant en compte la nature et la quantité de la ressource, les débouchés commerciaux locaux et à l’exportation et les modalités de préservation et de gestion durable de la ressource (bénitiers, holothuries). 
  • Secteur de la mer:
    • Mesure 18: Instauration de mesures fiscales incitatives visant à créer une zone franche dans l’archipel des Tuamotu Gambier pour le développement de grands projets aquacoles. 
    • Mesure 19: Valorisation de l’ensemble des filières aquacoles prenant en compte la nature et la quantité de la ressource, les débouchés commerciaux locaux et à l’exportation et les modalités de préservation et de gestion durable de la ressource (bénitiers, holothuries). 
  • Environnement
    • Mesure 29: Mesures incitatives en faveur de l’équipement écologique des logements (chauffe-eaux solaires, panneaux photovoltaïques, cuves de rétention des eaux pluviales, équipements électriques basse consommation, système de capteurs de mouvements, double vitrages). 
    • Mesure 30: Définition d’un label polynésien de la construction HQE en partenariat avec la CCISM et les professionnels du secteur de la construction et obligation pour les services et établissements publics de réaliser une étude technique de développement durable dans le cadre de tous les projets de constructions neuves. 

Le document complet est disponible ici :


21 avril 2014

Démultiplier l'action extérieure de la France avec les coopérations décentralisées

Discusssion avec le Ministère des Affaires Etrangères (@francediplo) sur Twitter au sujet de l'AECT (action extérieure des collectivités territoriales):


Plus d'informations sur les coopérations décentralisées dans l'infographie suivante sur le site du MAE (18 exemples récents ou anciens de coopérations entre une région ou une ville française et une région ou une ville étrangère):

La coopération décentralisée

Idées pour la France:

  • soutenir les coopérations décentralisées afin de démultiplier l'action extérieure de la France
  • soutenir les coopérations décentralisées afin d'inscrire dans le long terme l'action extérieure de la France

17 avril 2014

Créer des "îles à compost"

Une agence d'architectes new-yorkais vient de proposer de construire des "îles flottantes" autour de New-York qui permettraient de récolter les déchets organiques de la ville (déchets alimentaires, feuilles mortes...) afin de les composter.
Projet Green Loop - Cabinet PRESENT Architecture

L'intérêt principal serait de réduire drastiquement les distances de transport de ces déchets en implantant un réseau d'une dizaine d'îles flottantes réparties à travers l'agglomération.

Projet Green Loop - Cabinet PRESENT Architecture
Projet Green Loop - Cabinet PRESENT Architecture


Pourquoi ne pas mettre en place une déclinaison locale de ce projet en France?

A Paris, cela pourrait se faire au-dessus du faisceau ferroviaire de la Gare de Lyon, afin de créer une continuité verte du Bois de Vincennes jusqu'à la Seine. De nombreux projets sont effectivement en concurrence en ce moment pour l'aménagement de la zone "Bercy-Charenton" (peut-être que cette effervescence de projets va retomber maintenant que les municipales sont passées).

En banlieue, cela pourrait se faire sur les toits des grandes surfaces, des hypermarchés. On aurait un triple intérêt à faire cela:

  • les centrales de compost produisent de la chaleur, qui pourrait être réutilisée dans la grande surface
  • la centrale de compost serait à proximité d'un important producteur de déchets organiques (les hypermarchés et les restaurants qui y sont accolés)
  • ces installations sont déjà aménagées afin de recevoir un trafic de poids-lourds
Ce serait un juste retour des choses, les aliments de l'agriculteur à l'hypermarché et le compost de l'hypermarché vers le champ.


Pensez-vous à d'autres endroits où l'on pourrait installer ces "îles à compost"?

Idées pour la France:

  • Systématiser le tri des déchets organiques
  • Installer des centrales à compost dans des endroits potentiellement innovants


Dénoncer le pouvoir algérien qui s'accroche et soutenir le peuple algérien qui souffre

Afin d'éviter de reproduire les erreurs de la France en 2011 lors de son soutien à la Tunisie de Ben Ali (la ministre des affaires étrangères de l'époque propose le savoir-faire français en matière de répression des manifestations du Printemps Arabe), nous devons dès aujourd'hui désavouer le régime algérien à bout de souffle.


ALLIOT-MARIE propose d'aider la Tunisie dans la... par SuperBeurkMan

Sans nous immiscer dans les affaires intérieures algériennes, nous devons indiquer que le peuple algérien doit pouvoir choisir son président en toute liberté et qu'en aucun cas les manifestations du mouvement Barakat ("ça suffit") ne doivent être réprimées comme elles le sont actuellement.

Le quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika sera sans doute celui de trop. Nous ne pouvons pas continuer à être du côté des puissants contre le peuple. La France se targue, de manière complètement injustifiée, d'être la patrie des droits de l'homme: qu'elle le prouve, qu'elle vive cet idéal, qu'elle agisse de manière cohérente avec ses principes!

Lorsque Bouteflika est arrivé au pouvoir il y a 15 ans (!!), le nombre de mandats présidentiels était limité à deux. Après une modification constitutionnelle, il s'est représenté pour une troisième fois en 2009. La France peut certes soigner un homme d'état victime d'un AVC (hospitalisé 80 jours au Val-de-Grâce en début 2014), mais le soutien doit s'arrêter au domaine médical.

Le silence actuel de la diplomatie française vis-à-vis des répressions de manifestations et des élections probablement truquées (comme le rappelle cet article d'El-Watan) s'apparente à un soutien du pouvoir en place.

Idées pour la France:

  • ne plus soutenir les régimes en place qui ne respectent pas le droit de manifester
  • réclamer clairement des élections transparentes en Algérie

10 avril 2014

Étendre le plateau continental de la France

Depuis la ratification en 1996 du traité de Montego Bay (signé en 1982), la France peut demander à étendre la zone côtière qu'elle contrôle et exploite au-delà de l'actuelle Zone Economique Exclusive (ZEE) limité à 200 miles des côtes.

Ces travaux ont été décidés en 1998 mais sont extrêmement chers. Mais ils devraient permettre à la France d'étendre son domaine maritime (actuellement le deuxième au monde avec 11 millions de km², derrière les Etats-Unis avec 11,3 millions de km²) de près de 2 millions de km² (soit +18%).

C'est le programme national Extraplac qui est en charge de documenter et soumettre les demandes de revendication de la France auprès d'une agence de l'ONU, la Commission des Limites du Plateau Continental (CLPC).

Relevé 3D du plateau continental au large de la Guyane (projet EXTRAPLAC)


Les ressources potentielles qui pourraient se trouver dans cette extension du plateau continental juridique sont essentiellement:
  • énergétiques (hydrocarbures, gaz, hydrates de gaz)
  • et minérales (sulfures hydrothermaux, encroûtements cobaltifères, nodules polymétalliques, terres rares)

La plupart des extensions potentielles du plateau continental pouvant être revendiquées par la France sont partagées avec d'autres pays:
Zones économiques exclusives et l'avancement de leur dossier d'extension du plateau continental
sources: extraplac.fr, lemonde.fr, lefigaro.fr, CLPC

Cette opportunité est à saisir pour la France entière, mais plus particulièrement pour les territoires ultra-marins, comme l'a fait remarquer le ministre Victorin Lurel le 4 février 2014. Il reconnaît l'importance de ces enjeux et donne des dates pour le dépôt des dossiers manquants:
« Les derniers dossiers que le Gouvernement français entend déposer sont relatifs à Saint-Pierre-et-Miquelon et à la Polynésie française. Ils seront déposés respectivement au printemps 2014 et courant 2015. Concernant Saint Pierre et Miquelon, je mesure l’intensité des attentes de nos concitoyens de l’archipel. »

Le Conseil Economique, Social et Environnemental s'est prononcé en octobre 2013 pour que la France finalise le programme Extraplac afin que tous les dossiers puissent aboutir, mais aussi pour que la France se montre exemplaire dans la gestion de ces nouveaux espaces marins qui seront à sa charge.


Une fois ces territoires revendiqués, la prochaine étape sera de mieux connaître ces fonds marins et les ressources qui s'y trouvent afin de savoir s'ils peuvent être exploités ou s'ils doivent être protégés.

Idées pour la France:

  • finaliser les dossiers d'extension du plateau continental
  • mieux étudier ces fonds marins et les ressources qui s'y trouvent
  • impliquer les territoires ultra-marins dans l'exploration des fonds marins et dans les décisions au sujet de leur exploitation ou leur protection

mise à jour du blog à ce sujet le 24 avril:
Rejet par le Canada de l'extension du plateau continental à St-Pierre-et-Miquelon

3 avril 2014

Afin d'avancer vers une politique étrangère commune en Europe, divisons les zones d'influence

Afin de ne pas multiplier les sons de cloche et afin de présenter un front diplomatique uni et puissant, l'Europe doit coordonner sa PESC (politiques étrangère et de sécurité communes).

Sur le dossier Ukrainien, les britanniques et les français se sont largement exprimés, mais c'est bien les allemands qui sont sur le devant de la scène et ont le plus de légitimité à s'exprimer:

L'Allemagne pourrait être, avec la Pologne, le pont diplomatique entre l'UE et la sphère d'influence Russe. Les autres puissances diplomatiques européennes devraient venir uniquement en soutien sur le sujet de l'Ukraine, pour appuyer le travail du leader allemand (sur ce dossier).

Les pays européens, de par leur histoire (surtout coloniale, mais aussi celle des migrations), ont plus ou moins de légitimité à intervenir dans certaines situations. Il faut choisir un chef de file pour chaque zone et les autres pays doivent lui apporter leur soutien, sans rompre les rangs. De manière analogue à la situation ukrainienne on pourrait dès lors imaginer:
  • que l'Espagne, avec le Portugal, en soutien pourrait s'occuper des problématiques diplomatiques liées à l'Amérique du sud et l'Amérique centrale
  • que la Suède et le Danemark prennent l'initiative diplomatique pour toutes les régions arctiques et antarctiques
  • que la France, avec la Belgique en soutien, s'occupe de l'Afrique (y compris du Nigéria et de l'Afrique du Sud) et du Proche-Orient
  • que le Royaume-Uni s'occupe des liens avec l'Amérique du Nord, le sous-continent Indien, l'ASEAN, l'Australie et la Nouvelle-Zélande
  • que l'Allemagne de par sa puissance économique d'exportateur mondial s'occupe également des liens avec la Chine
Proposition de partage de la diplomatie extérieure de l'UE
Proposition de partage de la diplomatie extérieure de l'UE

Source du fond de carte (sans couleurs): Université Aix-Marseille

A partir de ce "partage diplomatique des tâches", l'UE pourrait devenir plus efficace et parler d'une seule voix. On pourrait même imaginer dans un second temps que les ambassades nationales disparaissent au profit d'une ambassade commune de l'UE, ambassade qui serait gérée en fonction du "partage" détaillé ci-dessus.

Pour ce faire, certains pays doivent renoncer à des zones historiques d'influence: la France au Québec et au Viêt-Nam/Laos/Cambodge (dans une moindre mesure), la Grande-Bretagne au Nigéria et en Afrique du Sud.

Deux problématiques ne sont pas réglées par le partage proposé ci-dessus:

  • Quels pays prendraient en charge les relations diplomatiques avec:
    • les Caraïbes
    • l'Iran et l'Afghanistan
    • le Japon et la Corée
    • les îles du Pacifique?
  • Les Pays-Bas et l'Italie (pays diplomatiquement actifs) n'ont pas de zone d'influence dans le cadre de ce partage.

Ce partage est sans doute très imparfait et devra sans doute (si jamais il est implémenté) faire l'objet de longues et douloureuses négociations. Ce n'est qu'une proposition de partage, je suis certain que d'autres ont des idées ou des commentaires pour amender (ou refaire entièrement) cette carte.
Mais l'idée derrière ce partage est d'éviter les doublons et d'indiquer que certains pays devront renoncer à certaines zones afin d'éviter les couacs et d'accroître l'action de l'Union Européenne à l'étranger.


De manière similaire, on pourrait envisager des zones de compétences particulières en fonctions des secteurs dans le cadre de négociations internationales ou d'affaires particulières (comme la récente recherche du vol MH370 autour de la Malaisie):

  • une compétence de la France en termes d'aéronautique et de spatial (le BEA - Bureau Enquête Accidents et le CNES prendraient les devants en cas d'actualité internationale)
  • une compétence du Royaume-Uni en termes de transport maritime et de plate-formes off-shore (homologation de bateaux et intervention en cas de marée noire hors de l'UE)
  • une compétence de l'Allemagne au niveau international dans le secteur ferroviaire (négociation sur l'harmonisation de la signalisation avec l'Europe de l'Est et la Russie par exemple)
Plutôt que de créer des doublons, donnons mandat à une des agences nationales existantes dans chaque secteur pour gérer et orienter la stratégie européenne dans ce secteur à l'extérieur des frontières de l'Union.


Idées pour la France et l'Europe:

  • Négocier un partage des zones d'influence diplomatique
  • Réduire le nombre d’ambassades européennes à l'étranger en les mutualisant derrière un unique "chef de file" (et éventuellement une deuxième ambassade en soutien)
  • donner mandat à une agence nationale par secteur pour organiser cette filière à l'extérieur de l'UE