3 avril 2014

Afin d'avancer vers une politique étrangère commune en Europe, divisons les zones d'influence

Afin de ne pas multiplier les sons de cloche et afin de présenter un front diplomatique uni et puissant, l'Europe doit coordonner sa PESC (politiques étrangère et de sécurité communes).

Sur le dossier Ukrainien, les britanniques et les français se sont largement exprimés, mais c'est bien les allemands qui sont sur le devant de la scène et ont le plus de légitimité à s'exprimer:

L'Allemagne pourrait être, avec la Pologne, le pont diplomatique entre l'UE et la sphère d'influence Russe. Les autres puissances diplomatiques européennes devraient venir uniquement en soutien sur le sujet de l'Ukraine, pour appuyer le travail du leader allemand (sur ce dossier).

Les pays européens, de par leur histoire (surtout coloniale, mais aussi celle des migrations), ont plus ou moins de légitimité à intervenir dans certaines situations. Il faut choisir un chef de file pour chaque zone et les autres pays doivent lui apporter leur soutien, sans rompre les rangs. De manière analogue à la situation ukrainienne on pourrait dès lors imaginer:
  • que l'Espagne, avec le Portugal, en soutien pourrait s'occuper des problématiques diplomatiques liées à l'Amérique du sud et l'Amérique centrale
  • que la Suède et le Danemark prennent l'initiative diplomatique pour toutes les régions arctiques et antarctiques
  • que la France, avec la Belgique en soutien, s'occupe de l'Afrique (y compris du Nigéria et de l'Afrique du Sud) et du Proche-Orient
  • que le Royaume-Uni s'occupe des liens avec l'Amérique du Nord, le sous-continent Indien, l'ASEAN, l'Australie et la Nouvelle-Zélande
  • que l'Allemagne de par sa puissance économique d'exportateur mondial s'occupe également des liens avec la Chine
Proposition de partage de la diplomatie extérieure de l'UE
Proposition de partage de la diplomatie extérieure de l'UE

Source du fond de carte (sans couleurs): Université Aix-Marseille

A partir de ce "partage diplomatique des tâches", l'UE pourrait devenir plus efficace et parler d'une seule voix. On pourrait même imaginer dans un second temps que les ambassades nationales disparaissent au profit d'une ambassade commune de l'UE, ambassade qui serait gérée en fonction du "partage" détaillé ci-dessus.

Pour ce faire, certains pays doivent renoncer à des zones historiques d'influence: la France au Québec et au Viêt-Nam/Laos/Cambodge (dans une moindre mesure), la Grande-Bretagne au Nigéria et en Afrique du Sud.

Deux problématiques ne sont pas réglées par le partage proposé ci-dessus:

  • Quels pays prendraient en charge les relations diplomatiques avec:
    • les Caraïbes
    • l'Iran et l'Afghanistan
    • le Japon et la Corée
    • les îles du Pacifique?
  • Les Pays-Bas et l'Italie (pays diplomatiquement actifs) n'ont pas de zone d'influence dans le cadre de ce partage.

Ce partage est sans doute très imparfait et devra sans doute (si jamais il est implémenté) faire l'objet de longues et douloureuses négociations. Ce n'est qu'une proposition de partage, je suis certain que d'autres ont des idées ou des commentaires pour amender (ou refaire entièrement) cette carte.
Mais l'idée derrière ce partage est d'éviter les doublons et d'indiquer que certains pays devront renoncer à certaines zones afin d'éviter les couacs et d'accroître l'action de l'Union Européenne à l'étranger.


De manière similaire, on pourrait envisager des zones de compétences particulières en fonctions des secteurs dans le cadre de négociations internationales ou d'affaires particulières (comme la récente recherche du vol MH370 autour de la Malaisie):

  • une compétence de la France en termes d'aéronautique et de spatial (le BEA - Bureau Enquête Accidents et le CNES prendraient les devants en cas d'actualité internationale)
  • une compétence du Royaume-Uni en termes de transport maritime et de plate-formes off-shore (homologation de bateaux et intervention en cas de marée noire hors de l'UE)
  • une compétence de l'Allemagne au niveau international dans le secteur ferroviaire (négociation sur l'harmonisation de la signalisation avec l'Europe de l'Est et la Russie par exemple)
Plutôt que de créer des doublons, donnons mandat à une des agences nationales existantes dans chaque secteur pour gérer et orienter la stratégie européenne dans ce secteur à l'extérieur des frontières de l'Union.


Idées pour la France et l'Europe:

  • Négocier un partage des zones d'influence diplomatique
  • Réduire le nombre d’ambassades européennes à l'étranger en les mutualisant derrière un unique "chef de file" (et éventuellement une deuxième ambassade en soutien)
  • donner mandat à une agence nationale par secteur pour organiser cette filière à l'extérieur de l'UE

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